L’Amicale des Travailleurs africains en France : mode d’expression communautaire en « quartier sensible »

BIZET Fabrice, L’Amicale des Travailleurs africains en France : mode d’expression communautaire en « quartier sensible », Maîtrise [Jean-Louis Robert, Marie-Claude Blanc­Chaléard], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 173 p.+ 48 p. d’annexes

Alors que les questions du « mal des banlieues » et de l’intégration des immigrés sont loin d’être résolues, cette étude monographique s’est penchée sur une association noire africaine située dans le quartier des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes.

Ayant toujours constitué un moyen d’expression privilégié des étrangers, les associations offrent une approche intéressante quant à leur identité, leur volonté d’être acteur au sein d’un pays où la citoyenneté leur est refusée. Étudier la création d’une population longtemps cantonnée dans les foyers, mais qui a souvent été aux avant-postes des luttes urbaines conforte cet intérêt. De surcroit, le mouvement associatif noir africain se distingue par son dynamisme, mais également par le peu de recherches l’ayant pris pour objet.

Depuis une vingtaine d’années, le processus ségrégatif d’accès au logement particulièrement intense chez les Noirs Africains, favorise l’émergence de regroupements résidentiels donnant lieu à l’éclosion d’associations communautaires revendiquant la représentativité de la communauté noire africaine locale et développant des activités favorisant l’amélioration des conditions de vie de leurs adhérents : c’est le cas de l’ATAF.

Basée sur des sources dans l’ensemble assez riches (écrites, iconographiques, orales), notre recherche a eu pour ligne directrice essentielle de retracer l’histoire de l’association. Afin d’appréhender au mieux cette dernière, nous avons jugé indispensable d’étudier au préalable le « milieu » dans lequel s’inscrit l’amicale (cadre local et hommes la composant). Par ailleurs, la « sédentarisation » en France et les années de militantisme posent la question de l’impact sur l’identité de ces hommes. Les populations noires d’Afrique étant souvent présentées comme émanant d’une société traditionnelle « figée dans l’airain du temps », il est intéressant de s’interroger quant aux permanences et aux mutations opérées de la société d’origine au pays d’accueil.